Allez zou! C’est parti pour cette longue traversée de la Russie ! Musique à fond, on roule ! Les paysages défilent… Invariablement forêts de pins ou de bouleaux qui alternent avec marécages, rivières, lacs…
Bivouac à Nizhny Novgorod au pied d’une majestueuse église et à deux pas du célèbre stade de foot rénové pour accueillir 80 000 personnes pour la coupe du monde de l’année dernière.
De jour ce n’est pas mal non plus !
En revanche à l’entrée et à la sortie des villes, c’est toujours des immeubles, plus ou moins hauts, plus ou moins colorés, plus ou moins récents:
Globalement la route principale est en bon état, c’est une autoroute gratuite, souvent à quatre voies mais pas toujours. De toute façon ce n’est pas grave car les Russes ont l’habitude d’utiliser les bas-côtés comme voie supplémentaire ! Il y a régulièrement des portions en travaux pour refaire la route qui s’abime vite avec le climat rude hivernal, et alors là les files d’attente peuvent se révéler très longues. Car cette route est très empruntée, surtout par les poids-lourds. Ces derniers roulent vite et nous doublent sans arrêt. Ils apprécient beaucoup quand Miguel se pousse sur le côté pour les laisser passer!
A Yelabuga nous apprécions le bivouac indiqué par nos amis Hakuna Matata, près d’un petit musée en plein air, avec une belle vue sur le fleuve de la Kama.
L’occasion de faire une jolie balade estivale en campagne avant de reprendre la route. PS : C’est quoi ce gros chat ???
Pour l’instant nous arrivons toujours à trouver des bivouacs assez sympas pour pouvoir se dégourdir les jambes après la longue route ! C’est cool car sinon la journée se limite à école/repas/route ! On essaye bien de temps en temps de faire école en roulant mais vraiment les enfants n’aiment pas ça. Ils sont vite barbouillés, ou s’endorment !
Nous arrivons à Perm, grosse ville d’un million d’habitants située aux portes de l’Oural et de la Sibérie.
L’ours est le symbole de la ville, présent sur ses armoiries et drapeau. Depuis qu’une statue en bronze a été installée en ville en 2009 les habitants ont inventé une superstition : si on lui touche le nez ça porte chance et ça veut dire qu’un jour on reviendra à Perm !
Il y a aussi une autre sculpture intéressante, celle pour illustrer le dicton : “Permien, oreilles salées”, en mémoire des anciens porteurs de sel qui avaient les oreilles rongées par le sel.
Mais ce n’est pas vraiment la ville de Perm qui nous a fait venir par ici, c’est pour une visite un peu particulière. A 100 km de là, perdu dans l’Oural, se trouve Perm-36, un ancien camp du Goulag créé aux alentours de 1946 et qui a fermé en 1988. Depuis c’est un musée/mémorial des répressions politiques. C’est le seul camp de travail forcé encore “debout” aujourd’hui en Russie. Après sa démolition partielle en 1988, de nombreux bâtiments ont été restaurés à l’identique. On y accède par le bâtiment central comme le faisaient les proches des prisonniers qui venaient leur rendre visite ( 2 fois à l’année si le détenu se comportait bien). En haut du bâtiment, la tour de contrôle.
Le camp était entouré de plusieurs lignes de barbelés, fils électriques, détecteurs de mouvement, de vibrations du sol; le tout entouré d’une palissade de 3 mètres de hauteur. Personne ne risquait de s’évader.
Dans la partie où les prisonniers travaillaient on peut voir des expositions avec photos et explications de comment fonctionnait ce camp dédié à l’exploitation forestière (on y parle aussi des camps d’exploitation d’uranium présents dans le pays). A la base c’est un camp de travail correctif comme il en existe déjà des centaines d’autres à l’époque stalinienne. Ici les prisonniers devaient couper du bois qui était ensuite acheminé par bateau pour reconstruire les villages détruits pendant la seconde guerre mondiale.
Avec le beau temps printanier qu’il fait aujourd’hui, on a vraiment du mal à imaginer la dureté de la vie à l’époque de ces prisonniers. Non seulement les causes de leur enfermement n’étaient pas toujours très claires ou justifiées (cela pouvait être pour un retard au travail répété par exemple) mais les conditions de vie et de travail étaient très difficiles. L’hiver ici il peut faire jusqu’à -20° .
Les prisonniers étaient logés dans des baraquement dans la deuxième partie du camp. Les contrôles étaient très stricts pour passer d’une partie à l’autre, mais après les prisonniers pouvaient circuler “librement”. Ils avaient aménagé eux-même un petit terrain de sport.
On peut voir une bibliothèque et une salle “d’éducation” où les prisonniers pouvaient regarder des films, livres ou affiches de propagande en accord avec les idées de Lenine ou Staline, histoire de faire des gentils citoyens bien “dans le moule”.
Les prisonniers qui désobéissaient se voyaient mis à l’isolement.
A partir de 1972, un deuxième camp est construit à 500 m de celui-ci pour accueillir des prisonniers au régime spécial. Entre les deux étaient situés les quartiers des gardiens et les terrains d’entraînement de tir.
Les prisonniers du régime spécial était des “criminels d’Etat”, accusés de trahison, d’espionnage, de terrorisme ou d’acte anti-soviétique… Ceux-là arrivaient dans des camions spéciaux dont on peut voir un exemplaire.
Dans ce camp les prisonniers étaient la plupart du temps isolés les uns des autres. Ils dormaient dans une pièce au maximum par deux et allaient travailler dans la pièce d’en face.
Une heure par jour chaque prisonnier pouvait aller marcher dans la “cour de promenade” de 2 x 2 mètres grillagée au plafond. Un garde armé surveillait aussi d’en haut le prisonnier, des fois qu’il tenterait quelque chose…
Voilà, c’est un peu bizarre comme visite, forcément. On est accompagnés par une guide qui ne parle pas du tout anglais. Dans le premier camp on a un audio guide en français, dans le second la guide nous explique par gestes ! Je pense que les infos données sont minutieusement choisies et les chiffres toujours minimisés, une version aseptisée de la vérité… sûrement. On n’insiste pas sur le travail si difficile, les détenus qui se suicidaient, ceux qui mouraient de maladie, d’accident, de malnutrition etc… Je ne sais pas ce que ce musée présentait avant sa fermeture en 2015. Visiblement la région a coupé les vivres à l’association qui le gérait depuis le début et il a réouvert en 2017 sous un angle différent…
Nous reprenons la route direction Ekaterinbourg, à travers l’Oural, chaine de montagne mythique que l’on croyait bien plus haute ! Les massifs sont tellement érodés qu’on ne voit pas du tout la différence avec la route de la veille ni du lendemain! C’est toujours doucement vallonné, tout vert et marécageux. On sait qu’il peut y avoir des élans et des ours, d’ailleurs Miguel en voit bien un mais malheureusement il est mort au bord de la route. Sur les bas-côtés il y a aussi régulièrement des croix et des plaques commémoratives en souvenir de gens décédés sur la route.
L’Oural marque la frontière naturelle entre l’Europe et l’Asie, comme nous l’indique un vieil obélisque.
Comment ça? vous n’arrivez pas à lire d’un côté Europa et de l’autre Asia ? C’est pourtant simple le cyrillique qu’on nous a dit ! Regardez ce tableau et vous comprendrez que le P se prononce R, le R c’est G, le B c’est V, le 3 c’est Z, le N à l’envers c’est i et tout plein de signes inconnus aux sons plus ou moins connus ! Mais le M c’est M et le O c’est O !! Facile vous avez dit ?? En tout cas c’est toujours drôle de lire les enseignes des magasins que l’on connait !
@ bientôt du côté asiatique de la Russie donc !
Comme d’habitude, PASSIONNANT !!
Article moins rigolo que les autres mais votre visite choisie fait aussi partie de la vie et de l’histoire.
On attend avec impatience la suite.
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Quel plaisir de parcourir cette route avec vous. Nous avions pris celle du nord car celle ci était en tred mauvais etat/travaux en 2012. La visite du camp est très intéressante, un film (le chemin de la liberté) raconte l histoire de plusieurs prisonniers qui s échappent d un goulag en hiver pour rejoindre l inde via la Mongolie. Magnifique film qui peut compléter votre visite pour les plus grands. Merci du partage et belle route a vous!!!
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Ayant traversé la Russie avec le Transsibérien, nous suivons avec beaucoup de plaisir cette partie de votre circuit. Bonne continuation.
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Beau reportage.
Contents que tous les PLEM se portent bien.
Bisouilles des GLEN
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Wahouuu ! Je rêve de suivre cette route un jour, quand les enfants seront plus grands ! Tes récits sont toujours un plaisir Elodie !
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Merci camille ! Tes loulous ont déjà bien grandi vu les dernieres photos ! 😉
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Nous sommes toujours aussi impatients de vous lire et de voir que vous allez bien, merci harry de mener nos amis à bon port.
Ps Miguel même avec tes grandes oreilles je te trouve toujours aussi beau……..Maryse
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Merci les zamis ! Miguel jubile de lire tes compliments Maryse ! 🤣
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